Le mécanisme d'Anticythère ou le génie technologique il y a 2200 ans

 

En 1900, au large de l'île grecque d'Anticythère, des pêcheurs d'éponges découvraient une épave antique vieille de plus de 2000 ans. Parmi une cargaison d'amphores et de statues de marbre et de bronze remarquables se trouvaient les restes corrodés et recouverts d'un solide dépôt calcaire d'un objet étrange impliquant un ensemble de roues dentées.

Grâce à la tomographie à rayons X permettant la reconstruction 3D d'objets, les fragments ont pu être identifiés, les inscriptions clarifiées et l'objet énigmatique reconstruit (~20x15x5 cm).

Il s'agit d'un calculateur muni d'un mécanisme complexe, constitué d'une trentaine de roues dentées ayant chacune entre 15 et 223 dentures triangulaires, permettant le calcul de la position du soleil, de la lune, de certaines planètes et la prédiction du mois, jour, heure des éclipses lunaires et solaires.

Le mécanisme est notamment basé sur le cycle de Méton (au bout de dix-neuf ans, les mêmes dates de l'année correspondent avec les mêmes phases de la lune) et le cycle de Saros (cycle de 18 ans et 11mois des éclipses)

Yanis Bitsakis, spécialiste du patrimoine culturel au département de physique de l'Université d'Athènes, a manifesté sa surprise en ces termes; "vieux de plus de deux millénaires, cet appareillage astronomique témoigne d'une culture technologique méconnue. Beaucoup y ont déjà perdu la raison. Je crois que c'est ce qui nous guette tous... »

Yanis Bitsakis exprime la surprise d'une majorité de spécialistes qui se résume par l'exclamation interrogative suivante: comment est-il donc possible qu'un tel objet, impliquant de grandes connaissances en mécanique et en astronomie ait pu être conçu et fabriqué par les grecs anciens, reconnus comme des penseurs et des philosophes mais pas comme des concepteurs d'objets technologiques, et ce plus de 1400 ans avant que des objets similaires apparaissent ailleurs dans le monde !?

Est-il nécessaire d'ajouter que la complexité du mécanisme et la très grande précision des prédictions calculées qu'il permet a alimenté les théories d'une origine extraterrestre. (Marge d’erreur de 0,00015 ; soit 1/86000 ème, correspondant au ratio 254/19 de divers cycles soli-lunaires).

D'où vient donc cette surprise tenace devant des témoignages montrant qu'un haut développement de la raison théorique et pratique existait dans l'antiquité ?

A quelle vision de l'histoire de l'humain et de ses civilisations cette surprise étonnante se rapporte ? Serait-il encore possible que la théorie de l'évolution tant de la vie comme de l'histoire telles qu'elles existaient au 19éme siècle forme encore le cadre de la vision du réel ?

Si tel est le cas, rendons grâce à ces hasards qui nous font ramener à la surface de tels objets dont l'ingéniosité, la précision, la connaissance, la technologie, n'ont rien à voir ni avec la venue d'extraterrestres ni avec l'idée bizarre que la pensée philosophique des anciens serait en même temps un obstacle au développement scientifique et technologique.

De tels objets nous invitent à sortir de l'historicisme et à envisager notre propre histoire d'une autre manière, à délaisser l'arrogance et la vanité de se croire au sommet de l'évolution pour la simple raison d'être vivant aujourd'hui, à se rendre compte que la doctrine du "progrès linéaire continu" appliquée à l'évolution de l'être humain global est une fausse croyance.

Pourquoi cet abandon? Parce que cette fausse croyance empêche la rencontre illuminatrice avec le patrimoine culturel et spirituel de notre propre histoire humaine et nous isole dans l'aliénation de notre époque.

Considérant l'être humain dans sa globalité, corps, âme et esprit, et non pas le réduisant à ses productions technologiques et développement économique, le passé de l'humanité n'est pas dépassé. Il est une source positive et vivante nécessaire à tout développement de l'être humain intégral.

Comme les arbres, nous avons besoin des racines pour croître vers l'avenir.

 

Denis Bricnet

(Montréal)

 

 

 

4 octobre 2007

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