Le village global – le meilleur ou le pire de la vie tribale ?
C'est le canadien Marshall
McLuhan, l'un des plus influents experts en
communications au XXe siècle, qui a inventé l'expression
"Village Global".
Cette expression inspire de nos jours chez de nombreuses
personnes l'idée romantique d'une fraternité mondiale où
règnerait la justice entre les humains, où les
frontières tomberaient, où l'économie capitaliste serait
chose du passé - remplacée par le troc et où une
démocratie directe serait exercée par un peuple libre et
heureux.
Maintenant que les moyens de communications et de
transport permettent de relier presque tous les lieux et
toutes les personnes du monde, il faut constater que la
réalité du "village global" est tout sauf idéale. Ce qui
s'est globalisé, c'est une exaltation des pulsions les
plus instinctives de l'humain.
À l'instar d'un village où une rumeur lancée par une
personne se répand instantanément à tout le groupe, les
communications modernes amplifient les rumeurs les plus
viles à une vitesse vertigineuse et avec des
répercussions inimaginables pour les personnes ou les
groupes concernés.
Plus que jamais, chaque "citoyen du monde" doit mériter
ce titre, c'est-à-dire faire preuve de discernement face
aux "informations" qui sont propagées. Car ni
l'intensité ni la durée d'une rumeur n'en garantissent
la véracité.
Ce
n'est jamais une question de "durée" ni "d'intensité",
qui ne mesure que la quantité, la "masse" de repiquages
de la rumeur; c'est une question de lucidité, de
discernement, de connaissance. Et l'ignorance ne
justifie jamais ni le rejet ni la négation.
Alors un village global, oui ! …si les "villageois" sont
lucides, cultivés, civilisés, non manipulables et
exemples d'un véritable humanisme, impliqué en eux-mêmes
et leur mode de vie,
et réellement créateur, "dignifiant" et embellissant.
-Charles Goyette
