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Le film d'animation WALL-E a été la production
hollywoodienne la plus originale de l'été 2008. Le film,
en plus d'être techniquement excellent, communique par
une histoire touchante aux dialogues minimaux un message
écologique bien de notre temps. L'histoire se déroule
sur une Terre tellement polluée qu'elle est devenue
inhabitable – et inhabitée. Seul un petit robot, WALL-E,
y continue son travail d'empilage des détritus.
Les humains ont dû quitter la Terre pour vivre
"temporairement" dans un vaisseau spatial, en attendant
que la planète soit de nouveau habitable. Avec les
années, cette population humaine qui vit dans l'espace a
oublié ses racines. Les gens sont devenus amnésiques,
ils ne vivent que dans l'instant. Et cet instant est
rempli de confort à outrance: fauteuils volants,
piscines, malbouffe, potinage - tout y est.
Le vaisseau est comme une prison dorée dont les humains
n'ont pas conscience, leur conscience étant endormie par
le confort et la surenchère de plaisirs immédiats. Ils
ne se regardent plus, des écrans personnels font office
de "fenêtre sensorielle sur le monde".
L'image apparemment grotesque de ces gens qui ont
abandonné leur destinée évolutive au plaisir n'est pas
sans faire réfléchir, surtout lorsque l'on connaît le
Mythe de la Caverne du philosophe Platon. Dans ce mythe,
écrit il y a plus de deux millénaires, Platon montre des
hommes enchaînés dans un caverne, habitués depuis la
naissance à regarder sur un mur des ombres projetées.
Ces hommes se plaisent dans leur condition qu'ils
croient normale, ne connaissant rien d'autre. Ils
défendent même âprement cette condition d'esclaves
contre ceux qui voudraient les en libérer.
Avec ce mythe, Platon nous enseigne que la condition
d'esclave volontaire est courante. Lorsqu'on ne vit que
dans l'instant, lorsqu'on se satisfait des apparences
superficielle, on se coupe des racines, ce qui rend
impossible de réaliser sa destinée humaine - qui est une
destinée d'évolution de conscience.
-Denis Bricnet
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