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Dans son plus récent rapport sur les enjeux éthiques des
technologies de surveillance et de contrôle, la
Commission québécoise de l'éthique, de la science et de
la technologie (CEST) explique que depuis les événements
du 11 septembre 2001 la surveillance systématique de
haute technologie vise toute la population.
La Commission note que la population tout en étant
restant peu informée de la portée et des enjeux de cette
surveillance des masses lui est largement favorable.
A première vue c'est une bien curieuse ambiguïté…
À la moindre apparence, sensée ou irréelle, de risque
d'atteinte aux "libertés fondamentales" chéries, la
population manifeste, descend dans la rue, signe des
pétitions, dénonce les dangers à tuer dans l'œuf
et appelle à la réaction immédiate des élus … dans le
bon sens s'ils veulent espérer une réélection.
Mais la même population reste aveugle aux réelles
menaces.
Peut-être est-ce le spectre du terrorisme et les peurs
qu'il suscite qui brouille la vision et bloque la
réflexion…
Ou bien encore que l'expression "valeurs fondamentales"
recouvre deux réalités différentes: droits fondamentaux
envisagés par la Commission et plus communément absence
d'entrave à la satisfaction des désirs personnels.
La "liberté" par exemple est une "valeur" tout aussi
bien utilisée pour dire le droit à la dignité
universelle et à la pleine réalisation de l'être au-delà
de toute distinction que pour revendiquer l'éradication
de toute limite à un mode de jouissance égoïste et
personnelle.
Le spectre est large. Mais en avoir conscience peut
aider à comprendre l'absence de réaction pour ces
"menaces" qui ne sont pas saisies comme telles dès lors
que la jouissance personnelle n'est pas menacée
…sauf la
"menace" du terrorisme, surtout depuis qu'il a touché le
cœur financier intouchable de New York.
La règle banale de l'acceptation de l'œil envahissant de
"Big Brother" est simple: pour tout ce qui apparaît,
réellement ou imaginativement, comme une menace pouvant
atteindre son jardin, sa piscine et sa jouissance
personnelle une surveillance accrue est non seulement la
bienvenue mais revendiquée.
C'est ainsi que se perdent les libertés fondamentales.
-Charles Goyette
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