 |
Contrairement à la rassurante, confortable mais fausse
opinion, l'esprit critique est en vacances. Du moins
celui qui signifie un "esprit" et de surcroît calme,
ouvert et doté de la qualité du "discernement".
Quant à cet autre "esprit critique", déguisement de
l'opinion arrogante et vaniteuse, il semble plutôt bien
se porter. Du reste, depuis le temps que l'on nous
assure que l'esprit critique guide tous ceux qui
détiennent les pouvoirs dans nos sociétés occidentales,
l'on se demande pourquoi les résultats témoignent si peu
de sa présence.
"Critique" vient du grec kritikós dont le sens implique
à la fois le discernement et la capacité de juger avec
lucidité, justesse et justice.
En toute logique, qui sert cet esprit critique et se
trouve en face d'une position contraire à la sienne n'a
nul besoin d'user de procédés de discréditation
(amalgame, insinuation, suspicion, ironie,
stigmatisation, etc.) pour argumenter ses idées et faire
avancer les débats.
Il semble, à lire la presse, que cette attitude soit
plutôt déficitaire dans les temps qui courent.
Ainsi, pour prendre trois exemples récents, tirés des
médias, l'on apprend qu'un haut diplomate aurait affirmé
que "le Dalai Lama ment au monde entier depuis des
décennies";
Plus loin, l'on se demande si les deux commissaires de
la commission Bouchard-Taylor, le philosophe et
l'historien, "n'ont pas parfois péché par excès
d'angélisme";
Ailleurs, en relation avec la réforme scolaire et "la
conception socioconstructiviste de l'éducation", l'on
apprend d'un historien et professeur d'histoire
l'existence "d'adorateurs de la compétence" et d'une
"secte qui contrôle les facultés d'éducation des
universités québécoises et le ministère de l'Éducation",
secte se croyant "persécutée" par des "obscurantistes"
et convaincue "de détenir la vérité et d'avoir raison
contre les mécréants".
"Esprit critique", si tu es là, tu te fais bien trop
discret.
-Denis Bricnet et Charles Goyette
|