Produits dérivés et économie
à la dérive
Enron, Worldcom et Norbourg : juste quelques pommes pourrîtes ou
la pointe du Iceberg?
Il y a très longtemps, l’on nous enseignait que l’économie était
d’abord un mode d’échange dans les sociétés humaines. Encore
récemment, nos grands pères payaient le médecin avec des
livraisons de lait pendant plusieurs mois… Certains ont encore
une vision très stable et réconfortante de l’économie, héritée
des années 60, comme étant « une chaîne d’hommes créateurs de
valeur ». Il en va bien autrement de notre économie actuelle.
Des individus peuvent investir collectivement leur argent dans
la production de biens afin de s’enrichir ou d’apporter un
bienfait à leur société. C’est la base stable du capitalisme
mais déjà apparaît le problème épineux de la spéculation
boursière…
Le prochain stade vers l’irréel est l’usure. La bible et le
Coran condamnaient le prêt avec intérêt. C’était une question de
morale. D’autres l’ont encadré de façon plus libérale et ont
utilisé le prêt usuraire comme arme contre leurs ennemis. Le
marchand de Venise en sait quelque chose…
Dans les années 70 en Amérique du Nord, et 80 en Europe, on a vu
en finance le développement phénoménal des « Produits dérivés ».
Il s’agit initialement d’un contrat engageant quelqu’un à
acheter un bien, par exemple une cargaison de pétrole, à un prix
fixé à l’avance mais qui doit être livré à une date ultérieure.
C’est une spéculation sur la valeur future de ce bien. Mais le
bien peut aussi être un hypothétique profit attendu en vertu
d’intérêts sur un prêt. On trouve ainsi des produits dérivés de
produits dérivés.
La crise financière du papier commercial adossé à des actifs qui
s’est déclenchée l’an dernier aux Etats-Unis est un exemple de
la fragilité de cet univers virtuel. Le monde entier se
questionne aujourd’hui sur la réalité du monde de la finance.
En l’occurrence des créances hypothécaires à haut risque ont
servi de base aux dérivés. Aucun bien n’est produit, aucun
service rendu, aucune valeur liquide garantissant quoi que ce
soit. Les banques américaines ont été complaisantes en accordant
du crédit facile avec des garanties surévaluées à des gens qui
étaient en fait incapables de payer. Une tentation logique
lorsque la créance (douteuse) ainsi créée sert de jetons dans le
casino virtuel de la spéculation financière mondialisée.
Imaginez : Le système qui gouverne le monde s’avère être un
édifice fragile de spéculation sur des spéculations, n’ayant
plus qu’un lien extrêmement lointain avec la réalité. Un World
Trade Center de crédit adossé à du crédit…
Youri
(Montréal)
04 avril 2008 |
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