Quel est vraiment mon lien avec la nature ?
 

Il est facile de s'enflammer de colère contre les dommages qu'on fait subir aux végétaux et à l'écosystème. Il ne faut pas chercher bien loin pour comprendre à quel point les conséquences à long terme sont dramatiques lorsqu'on parle de monoculture, de créer des espèces stériles, des pesticides et herbicides, de la coupe à blanc. Je ne vous apprendrai rien non plus en vous disant que plus les moyens de se nourrir et de se soigner sont éloignés de la source, plus les effets secondaires néfastes se font sentir sur notre santé et celle de notre planète.

J'aimerais plutôt me pencher sur la nature des végétaux et sur le lien que nous pourrions, que nous pouvons entretenir avec eux. J'aimerais que nous entamions ensemble une réflexion qui nous amène à nous demander individuellement: Quel est mon lien avec la nature? Est-ce un lien d'harmonie, de générosité et de respect? Est-ce que ce que ce lien est plutôt mécanique, je prends, je consomme, sans conscience, sans jamais me rappeler que ce pain que je mange vient du blé qui s'est enraciné dans la terre et qui a mûrit au soleil? Est-ce que ce lien pourrait se développer davantage, s'enrichir pour mon plus grand bien et celui de la terre?

Les végétaux ont inspiré et fasciné les plus grands hommes de l'histoire. Ils les ont observé, étudié, représenté dans leurs oeuvres. Sainte Hildegarde de Bingen, dans la tradition chrétienne, grande abbesse et artiste du Moyen Age, était une herboriste réputée. Nous avons encore aujourd'hui accès à ses traités sur les plantes curatives. Hippocrate, dans l'antiquité grecque, celui que l'on surnomme le père de la médecine, était un herboriste. Léonard Da Vinci fut un botaniste. Goethe, philosophe allemand et poète du 19e siècle, était aussi botaniste. Rudolph Steiner, philosophe autrichien, qui a développé la culture biodynamique.

Pourquoi les grands hommes se sont-ils intéressés autant aux végétaux?

Beaucoup d'artistes aussi on donné une place centrale aux végétaux dans leurs oeuvres. Pour les romantiques du 19e siècle, la nature était l'incarnation la plus tangible du divin, Victor Hugo par exemple, Lamartine. Les peintres impressionnistes ont peint et repeint des jardins, des végétaux, Van Gogh, Monet. On admire beaucoup aujourd'hui leurs oeuvres.

Que sont les plantes au-delà de leur aspect biologique? Que sont les végétaux pour la terre? Anciennement, les sociétés traditionnelles et les grandes civilisations ont considéré la terre comme un organisme vivant. Il est intéressant de constater que de plus en plus de scientifiques contemporains adhèrent à cette idée. Pensons par exemple à la théorie de Gaia du géophysicien James E. Lovelock. Si nous partons de cette idée, chaque organisme vivant est constitué de divers plans, qui sont à la fois des fonctions. Nous par exemple, ne pouvons nier que nous sommes constitués d'un plan physique, le corps. Nous sommes aussi constitués d'un plan qu'on pourrait appelé vital ou énergétique, notre coeur bat, le sang coule dans nos veines, nous croissons, ou alors nous serions comme les pierres. Nous avons aussi un plan émotionnel et un plan mental. Ces fonctions sont différentes mais reliées entre elles. La terre donc, en tant qu'organisme vivant est aussi constituée de divers plans. Dans cette perspective les minéraux appartiennent au plan physique de la terre et les végétaux au plan vital.

Maintenant regardons la plante avec un oeil nouveau. Soyons un peu poètes pour nous préserver de l'aspect mécanique des choses. Dans une si petite graine est contenu tout le potentiel d'une rose, son devenir. La graine germera, ses racines se planteront profondément dans la terre, sa tige cherchera la lumière, sa fleur va éclore puis si pleine de vitalité va donner. Elle donnera son pollen puis son parfum. Et doucement, elle se flétrira et sans faire d'histoire, offrira son corps à la terre. Toute sa vie, la rose va chercher la lumière puis donner, n'est-ce pas là un exemple de sagesse et de parfaite générosité? D'ailleurs à ce sujet, il est intéressant de savoir qu'au Québec autrefois, chaque village avait son herboriste, son ''soigneux'' comme on les appelait ici, et que la mission de ces gens était d'être au service des autres autres en tout temps, nuit et jour, comme si le fait d'être un intermédiaire du règne végétal, de cultiver un lien privilégié avec ce règne si généreux exigeait de la part des humains dévotion, générosité et sens du devoir.

Il me semble que nous puissions voir en elle aussi un exemple de droiture et de constance. Jamais cette petite graine de rose ne deviendra arbre ou légume. Elle connaît sa destinée de rose et la suit sans dévier. Je la vois aussi parfois comme un exemple de volonté. Je pense au pissenlit par exemple, une plante médicinale extraordinaire, un don de la nature en abondance. Y a-t-il pourtant une plante plus détestée? On la tond, l'arrache, l'arrose d'herbicides, mais elle trouve toujours le moyen de pousser même dans les endroits les plus saugrenus, où on ne pouvait pas s'imaginer un instant que la nature puisse y trouver sa place.

L'image même de la plante semble contenir toute la sagesse du monde. Il n'est pas surprenant que nous soyons émerveillés devant elle, inspirés par elle. Il semble que nous n'ayons pas toujours besoin de chercher bien loin pour trouver des exemples de sagesse et de beauté. À nos pieds se trouve un monde de générosité, de constance et de volonté, et surtout, d'éternelle quête vers la lumière.

Je reviens à l'une de mes questions du départ: Pourquoi les grands de ce monde se sont-ils intéressés aux végétaux? Cela pourrait-il démontrer que plus on développe son intelligence, ses vertus, plus on devient sage, plus on intensifie notre lien avec la nature, et que le contraire est aussi vrai, plus on intensifie son lien avec la nature, plus on devient sage, intelligent et vertueux?

Christine
(Montréal)
 

12 février 2008

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