L'un des problèmes planétaires actuels les plus aigus est
celui de la faim dans le monde. Parmi les axes de développement pour résorber ce
problème, on compte l'agriculture. Le dernier siècle a été marqué par des
changements radicaux dans la manière de cultiver les terres, dont le passage à
une agriculture très intensive.
À ce sujet, le directeur de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation
et l'agriculture (FAO) a déclaré: "on ne peut se passer des engrais chimiques
pour nourrir le monde". Une autre organisation, la Banque Mondiale, en arrivait
à la même conclusion dans son rapport annuel sur le développement dans le monde.
Rappelons que l'agriculture intensive ne laisse pas de repos à la terre. Elle
consiste à l'utilisation croissante d'engrais chimiques jumelés à l'épandage
d'insecticides et à l'emploi de semences génétiquement modifiées. Si la
productivité à court terme d'une telle agriculture est indéniable, il serait
également prudent de tenir compte de ses effets secondaires sur l'ensemble de
l'écosystème.
Poussée à son extrême, l'agriculture intensive traite la Terre comme notre
esclave. Combien de temps pourrions-nous vivre si l'on ne nous laissait jamais
de repos et si l'on nous violentait constamment? C'est pourtant ainsi, par
analogie, que trop souvent on traite la Terre.
La sagesse, voire le simple bon sens, indiquent pourtant que nous avons une
responsabilité envers la Terre, notre "maison" – et dans un autre registre notre
Mère. On respecte ce que l'on aime. Se pourrait-il que notre relation avec notre
Terre-Mère manque d'amour?
Ainsi, il apparaît que ce n'est pas tant de moyens technologiques dont nous
ayons besoin pour lutter contre le problème de la faim dans le monde. Ce qu'il
nous faut, c'est une éducation aux valeurs. C'est réapprendre à aimer, à être
généreux et respectueux de tout ce qui vit – y compris notre planète.
L'agriculture biologique ne représente que 2% de toute la production mondiale.
Il n'est pas impossible de penser que si l'on investissait autant de ressources
financières et techniques pour l'optimaliser, elle pourrait produire beaucoup
plus avec un minimum d'effets néfastes sur l'environnement.
Mais il est clair que les puissances économiques ne favorisent pas une
agriculture qui libèrerait les agriculteurs de leur assujettissement aux techno
semences et aux produits chimiques, comme en fait foi cette déclaration de la
FAO : "Un secteur privé florissant et des marchés prospères sont à la clé du
développement durable de l'agriculture". S'en remettre aux forces sauvages du
marché pour résoudre la faim dans le monde n'a rien de rassurant. C'est être
vaincu d'avance.
Charles Goyette
(Montréal)
05 février 2008 |
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