La mondialisation fraternelle de l’eau

 


 
 

 

 

La Grande Soif. Le 5 septembre, la télé de Radio-Canada lançait sa série documentaire de 10 épisodes sur les enjeux auxquels le Canada doit faire face en matière d’eau. Autrefois réservée à la science fiction, la guerre de l’eau est à nos portes.

« Déjà, plus de la moitié des gens des pays en développement souffrent d'au moins une des six principales maladies associées à l'eau, qui tuent, chaque année, plus de cinq millions de personnes, dont près de onze mille enfants tous les jours, soit trois à quatre fois le nombre de victimes des attentats du World Trade Center! » 1

Pénurie, difficulté d’accès, mauvaise qualité, pollution : l’eau souffre en silence de tous les maux. Et dans un pays où l’on perçoit l’abondance, elle n’a pas encore obtenu l’attention politique qu’elle mérite. Plus qu’une législation défaillante, c’est une réflexion de société qui n’a pas encore eu lieu au Québec et au Canada.

Au niveau international, « les États ont convenu, au sommet de Johannesburg (2002), de donner à la moitié des populations qui en sont privées un accès à l'eau potable et aux services sanitaires de base d'ici 2015, mais cela s'est fait au prix de la

non-reconnaissance du droit humain fondamental qu'est un accès à l'eau, contribuant ainsi à transformer ce bien commun en marchandise au profit du cartel de l'eau. » 2

Du fait du caractère insubstituable de l’eau et de sa nature sans frontière, il faudra bien partager. Or le ferons-nous dans une logique marchande ou dans une logique de bien commun ? Tout est là.

Certains font confiance à la main invisible du marché pour répartir cette richesse selon sa juste valeur à ceux qui pourront se la payer, et comptent, comme toujours, sur « l’effet de ruissellement ».

Au Québec, certains proposent la nationalisation de l’eau, afin de permettre un commerce qui respecte avant tout les besoins des Québécois. On comprend rapidement qu’ils considèrent l’eau comme une ressource économique.

D’autres enfin, certainement plus sages, comme Ricardo Petrella et les signataires du Manifeste de l’eau, invitent le monde entier à déclarer l’eau bien commun de l’humanité.

Mais saurons-nous comment faire ? L’humain est-il trop territorial et trop économique pour partager une grâce irremplaçable comme l’eau ? Le défi est séduisant : L’eau, qui risque de devenir l’un des principaux objets de conflit, pourrait aussi être l’un des plus grands exercices de fraternité de l’histoire humaine.

Si nous arrivons à sortir l’eau des griffes de la logique marchande et à nous y relier dans une logique fraternelle nous aurons une véritable mesure de ce que la civilisation peut apporter. Ce serait le début d’une toute nouvelle sorte de mondialisation…


1MAUDE BARLOW et TONY CLARKE, L'Or bleu

2MAUDE BARLOW et TONY CLARKE, L'Or bleu,

  Préface de Louise

-Youri Pinard

   

15 septembre 2009

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