Tousignant - un silence de mort

 

 

 

 

 

 

Le Musée d'art contemporain de Montréal consacre au peintre Claude Tousignant la plus importante exposition de son histoire dédiée à un seul artiste. On y présente une rétrospective d'une carrière de quelque 50 ans consacrée à l'art abstrait.

Le plus fameux tableau de Tousignant est son "Monochrome orange". C'est un simple carré orange sans texture, sans forme, sans rythme, sans composition – bref sans "geste" artistique.

Monochrome Orange pose la question du silence, particulièrement aigue à notre époque où le bruit est omniprésent, tant sous forme de pollution visuelle que sonore, avec le bombardement de publicités tonitruantes qui accaparent toutes les ondes et avec les affiches publicitaires qui occupent l'espace visuel urbain.

Il y a peu de remises en question de cette pollution, de cette agression marchande où tout, même la culture, est inféodée à la domination de l'aspect économique.

L'étrange silence de Monochrome Orange est une sorte de coupe à blanc dans tout ce bruit. Mais le "silence" du tableau n'apporte ni de réponse ni de chemin vers une réponse. C'est l'œuvre d'art saignée de son sens.

C'est un tableau qui reste personnel à l'artiste, ce qui peut-être contribue à sa propre démarche, mais qui ne rejoint pas une dimension universelle, une ouverture sur l'âme comme pouvaient le faire les œuvres classiques qui, bien plus que "figuratives", étaient symboliques.

Le peintre Yves Klein, à l’occasion de son « Exposition du vide » constituée aussi de peintures monochromatiques, déclarait : « Vous avez tous eu conscience ce soir d’assister à un moment historique dans l’histoire de l’art universel. (…) c’est la brusque extrapolation de quatre millénaires de civilisation qui vient de trouver son couronnement exhaustif. »

Ainsi donc le couronnement artistique de la civilisation occidentale serait ces vides monochromes, ces "performances narcissiques", ces phénomènes détachés de leur noumène - tels des radeaux perdus en mer portés par le hasard des courants les plus lucratifs de la mode.

Le silence de ces œuvres est académique, froid, statique, cérébral.

C'est un silence de mort.

Pourtant, il existe bien un silence qui a du sens, un silence qui porte la vie et qui illumine la conscience. Un silence qui n'est ni une contestation du bruit, ni une amputation du sens. Il existe un silence qui est l'affirmation de soi. Il y a une "Voix du silence" qui a mené l'Humanité à réaliser des œuvres atemporelles infiniment fécondes.
 

-Charles Goyette

12 mars 2009

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